Continuité écologique, travaux sur le seuil de Banges

Carte postale du seuil de Banges et de la scierie au début du 20 ème siècle

L’entreprise Hydro Energie du Chéran, propriétaire et exploitant de la micro centrale du barrage de Banges , vient de démarrer les travaux de mise en conformité du seuil au titre du rétablissement de la continuité écologique [1]

 RÉTABLIR LA CONTINUITÉ ÉCOLOGIQUE, UNE DÉMARCHE ET UN ENJEU COMMUN

En amont de ces travaux, dès 2012, une longue démarche a été construite avec le propriétaire/exploitant, à l’initiative du SMIAC et en partenariat avec le Parc naturel régional du massif des Bauges, la fédération de pêche de Haute-Savoie, le fonds pour la conservation des rivières sauvages et les services de l’état ( ONEMA , DDT74,agence de l’eau Rhône méditerranée Corse, … ).

L’engravement du seuil et le déficit de sédiments bloqués en amont était un problème commun pour l’ensemble des interlocuteurs.

  •  Pour la Micro centrale hydroélectrique, dont l’exploitation est menacée par l’engravement qui constitue un obstacle à la prise d’eau, réduisant la production des installations.
  •  Pour le SMIAC inquiet des conséquences d’un éventuel rehaussement du lit de la rivière à l’amont du seuil de Banges, et d’un creusement du lit à l’aval faute d’un franchissement insuffisant des matériaux grossiers, pour la pérennité et l’entretien des berges de la rivière.
  •  Pour le SMIAC et le PNR des Bauges, attentifs à l’image environnementale et à la qualité du Chéran, et ses retombées positives sur le développement touristique du territoire, le transit des débits solides étant un critère pour la qualité environnementale d’un cours d’eau, et offrant un argument essentiel à l’éligibilité du Chéran pour le label « Site Rivière Sauvage ».
  •  Pour la Fédération de Pêche,soucieuse de l’impact du tri granulométrique observé au niveau de l’ouvrage sur le bon développement de la faune piscicole à l’aval et sur le maintien d’un habitat propice à la diversité biologique de la rivière.
  •  Pour le Fonds « Rivières Sauvages », la volonté d’améliorer l’état de conservation naturel des rivières et de fixer des objectifs supérieurs aux critères réglementaires de « bon état DCE » suppose un regard qualitatif sur la question du transit des débits solides sur le Chéran.

Ces différentes réunions ont conclu à la nécessité commune à l’ensemble des partenaires d’équiper le seuil de Banges pour permettre le transit des matériaux alluvionnaires, avec la perspective d’un subventionnement d’une partie des travaux par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.

2 MOIS DE TRAVAUX POUR UN SITE PILOTE

Hydro Energie du Chéran s’est donc engagé dans différentes études qui ont permis de définir le choix technique (validé par l’ensemble des partenaires) mis en œuvre aujourd’hui. Le projet consiste à équiper l’ouvrage de 2 vannes de décharge automatisées, permettant le passage des matériaux grossiers et d’assurer en partie le transit des sédiments vers l’aval. Les travaux commencés fin Juin 2015 devraient durer près de 2 mois si les conditions hydrologiques sont bonnes.

Visualisez le déroulé des travaux en photos

UN RÉSEAU DE MESURES RENFORCÉ, POUR UN MEILLEUR SUIVI DE L’EFFICACITÉ DES TRAVAUX

Une fois les travaux terminés, restera à caler avec tous les partenaires, la gestion de l’ouverture des vannes au plus près du fonctionnement naturel du Chéran et profiter des crues morphogènes (à partir de 23 m3/s). Pour cela, le SMIAC a engagé une étude visant à équiper le site de Banges d’une station limnimétrique. Cet équipement viendra compléter le réseau de mesures du SMIAC et permettra le pilotage de l’ouverture de vannes, au plus prêt de l’ouvrage. Les observations qui pourront être faites par la suite permettront de fixer les règles de gestion définitive de l’ouvrage.

L’ouvrage de Banges et son équipement futur de dégravement ayant été ciblé pour servir d’exemple à d’autres cas similaires dans un contexte de rivière à caractère torrentiel, le SMIAC a engagé, parallèlement aux travaux en cours, une campagne de définition de l’état actuel du cours d’eau au droit de l’ouvrage (remous hydraulique) qui comprend :

  •  Le relevé topographique des sites par des mesures morphométriques
  •  L’analyse du transport sédimentaire par des analyses granulométriques
  •  La mesure de la qualité de l’habitat aquatique
  •  La dynamique de végétalisation,
  •  Le suivi des peuplements piscicoles et benthiques

Ce travail complet servira à :

  • Connaître de manière précise l’évolution hydromorphologique à l’amont et à l’aval
  •  Analyser l’évolution du site (suivi pluriannuel)
  •  Réaliser une analyse critique des travaux réalisés par Hydroénergie du Chéran, en regard des objectifs affichés dans le SDAGE et inscrits dans le programme de mesures 2016/202
  •  Produire de nouveaux supports pédagogiques pour sensibiliser les élus et le grand public

Dans le contexte de la labellisation du Chéran comme « Site Rivière Sauvage » , la réussite de cet aménagement doit permettre de gagner des points pour l’éligibilité de la rivière et compenser l’impact négatif du seuil.

[1] La mise en conformité au titre du rétablissement de la continuité écologique est une obligation réglementaire (article L214-17 du code de l’environnement) pour les propriétaires et/ou exploitants de seuils. Dans le cas du seuil de Banges, la totalité de l’opération est à la charge de l’exploitant « Hydroénergie du Chéran »